Après un petit séjour sur l’ile de Cat Ba nous sommes retournés à Hanoï. Pour récupérer nos extensions de visa vietnamien et faire nos demandes de visas chinois. La réponse pour l’obtention de ces derniers prend une semaine et est aléatoire avec de nombreux refus. Nous avons donc préparé un dossier en béton, mais cela n’a pas fonctionné, lorsque nous sommes revenus une semaine plus tard nous avons également essuyé un refus, la seule explication que nous avons eu a été : « le manager a dit non à votre dossier, nous n’avons pas les raisons ».

Contrairement à ce que l’on pouvait penser, nous n’avons pas été si déçu. Après avoir étudier la Chine dans tous ses détails, via les guides, nous commencions à savoir ce qui nous attendait. D’habitude on se laisse la surprise, mais vu que pour la demande de visa il faut leur fournir un itinéraire logique avec toutes les réservations des hôtels, nous avions éplucher les choses à voir. Des rizières, des temples et beaucoup de monde, voilà ce qui nous attendait. Mis à part les chinois, les paysages semblaient plus ou moins identiques à ce que nous avons pu rencontrer ces derniers mois. Donc nous ne verrons pas les chinois, leurs villes, et leur excentricité. Tant pis pour eux, ils ne nous verront pas non plus.

Nous déciderons donc d’étendre notre séjour en Mongolie d’un mois et, avec du recul, car nous y sommes depuis maintenant 3 semaines, ce n’est pas pour nous déplaire. La Mongolie est tellement grande, et reposante, contrairement à ce qu’on n’aurait pu rencontrer en Chine que nous sommes heureux au final de ce refus de visa.


Bref revenons à nos dernières semaines dans le Nord du Vietnam.

Cette région du Vietnam est vaste, vallonné, verte et surtout marquée d’un paysage grandiose de rizières en terrasse. Nous avons dû passer entre 15 et 20 jours dans cette région. Nous avons commencé par le nord-ouest pour ensuite faire un tour dans l’extrême nord jusqu’à la frontière chinoise et ensuite dans le nord-est.

Avant d’entamer cette boucle, nous avions été visité le musée ethnographique d’Hanoï. L’un des musées les plus beaux, intéressant, facile d’accès et peu barbant que nous ayons fait en 10 mois. Pour faire court, ce musée présente surtout les différentes ethnies du Vietnam, dont une grande majorité se situe dans le Nord (même si il y en a sur tout le territoire). Les viets sont majoritaires à 85%, ensuite les thaïs représente 10% (il y en a aussi au Laos, en Thaïlande et en Birmanie, la région du Nord étant très proche de ces trois pays). Enfin, 52 autres ethnies se partagent les 10% restants. Certaines d’entre elles compte plusieurs centaines d’individus, quant à d’autres elles ne sont que parfois que quelques centaines. Chacune de cet ethnies à des coutumes, des maisons, des habits, des coiffures ou encore des croyances qui leur sont propres. La découverte de ces ethnies (sans compter les paysages qui nous attendait) est l’une des raisons majeures qui nous a poussés à cette « expédition » dans le Nord. « Expédition » car avec notre moto , qui était bien plus qu’une deuxième main, et les routes dont l’état restait à définir, nous ne savions pas dans quoi nous nous embarquions. Nous n’avons pas été déçu, ni par les routes, ni par les paysages, ni par les ethnies rencontrées.


Les routes étaient, comment dire, aléatoires, parfois à flanc de montagne, en lacets ou toute droite sur du plat ; quant au revêtement, terre, rochers, boue, gravier, ou superbe bitume alternaient, ou bien même se superposaient (?!), belle performance. Autant vous dire qu’à la fin de certaine journée la plupart de mes muscles étaient en lambeaux, la lenteur de la moto nous obligeait parfois à rouler plusieurs heures (jusqu’à 9 une journée en comptant les pauses). On peut penser que ce n’est pas sérieux, mais vu que à certains endroits il n’y a pas de structure d’hébergement, nous n’avions pas vraiment le choix. La journée de 9 heures est exceptionnelle, sinon nous roulions entre 4 et 6 heures par jour, ce qui étaient déjà pas mal en soi.


Tout cela a fait que je me suis découvert une certaine admiration pour les motards. En voiture, on peut souvent se laisser aller à nos pensées, et si on prend un nid de poules, un gros caillou, ou un peu le rebord de la route, cela n’a pas grande conséquence, on pourrait même dormir quelques secondes que ça n’aurait pas d’incidence (pour les mamans, c’est une blague). En moto, la moindre erreur peut se payer sévèrement. Nous n’avons pas chuté jusqu’ici (sauf le coup de la poule le premier jour, et une fois dans une montée, mais à reculons) et je nous estime non pas chanceux, mais heureux. Même à 30km/h un nid de poule, un caillou, ou la bordure peut entraîner une chute plutôt grave. Les accidents sont nombreux non seulement au Vietnam, mais aussi en Asie du Sud Est, les locaux sont touchés, les touristes aussi.

Dans beaucoup d’endroits, la location du scooter ou de la moto à la journée est proposée, et pas besoin de permis non plus. Donc forcément, que l’on soit sérieux ou pas, « l’expérience » n’est pas sans risque. On en a croisé pendant nos deux mois pas mal avec un pansement au bras, au genou, et lors de notre dernier jour, un couple de français qui prenait le bus avec nous pour retourner à Hanoï, venait juste de chuter et le jeune homme (qui était dans mes âges en plus jeune ! ) avait l’air de bien avoir mal. Je ne dis pas ça pour pointer les erreurs des autres, et j’en ai fait quelques-unes heureusement sans conséquences, je dis juste cela pour revenir à mon idée de départ : j’ai développé un grand respect pour les motards : chaque mètre compte.


Donc voilà pour la route, pour ce qui est des paysages, nous avons continué à découvrir les rizières. Nous avons commencé par l’Ouest de la région nord où les rizières ne sont pas en escaliers, mais qui s’étendent jusqu’à l’horizon. Dans ces rizières travaillent les nombreuses personnes à la main à plantation. J’allais comparé cela au radis qu’il faut parfois aérer, mais je vais m’arrêter là car je n’ai absolument pas la main verte, donc pour savoir comment il plante le riz, allez plutôt sur google, ou sur youtube.

Bref, tout ces champs verts, séparés par de petites chemins de terre, où une multitude de chapeaux « chinois » confèrent toujours un esthétique particulier mettant en valeur le dur labeur des personnes au vu de l’immensité du travail accompli et à accomplir. Lorsque nous avons poursuivi vers le Nord, puis le Nord Est, leur labeur semblait aller crescendo. Les rizières en terrasses ont commencé sur de petites collines, puis de plus grandes et enfin sur des montagnes. Ces allers et retours, enfin monter et descentes rendent ce travail des plus difficile. Rien que de les regarder, nous soufflions de fatigue : Tout cela c’est le travail de l’Homme, et cela rend le paysages encore plus beau. Chaque col que nous passions, chaque vallée dans laquelle nous entrions nous faisait découvrir un nouveau paysage. Nous n’en avons jamais été lassé (heureusement d’ailleurs).


Puis en dehors des paysages nous traversions des villages qui d’un kilomètre à l’autre ne se ressemblait pas. Un village, ou un hameau plutôt correspond à une ethnie. On pouvait donc arriver dans un village, avec des maisons sur pilotis, et quelques kilomètres des maisons de plein pieds, et ensuite arriver de nouveaux dans un village avec des maisons sur pilotis, mais avec des toits différents. Que ce soit pour l’architecture ou encore les coutumes et traditions nous ne savons pas le « pourquoi du comment » de tant de différences, mais cela donne une réelle richesse à ce paysage.

Les premiers « chapeaux » typiques que nous avons vu, n’en était pas. Le long de la frontière avec le Laos, les femmes d’une des ethnies à la particularité de ne pas ou peu se couper les cheveux. Ils en font un magnifique chignon sur le dessus de la tête ensuite. Souvent habillées de noir, cela donne un style plutôt agréable. Le seul problème c’est que comme toutes les vietnamiens, elles se baladent en moto, et lorsqu’elle porte un casque, ce dernier est souvent 20 cm au-dessus de la tête, bon si elles ont un accident, le chignon sera sauf.


Ensuite en arrivant plus du côté de Sapa, et Ha Giang le costume est plutôt fleuri selon les ethnies, notamment chez les Hmongs, qui peuvent être des Hmongs rouges, noirs, bleus, fleurs, verts, et j’en oublie surement. Donc en fonction de chaque village, l’habit est différent. Les Dzao rouges ressemblent eux un peu à des pères noëls avec le petit bonnet rouge et blanc qu’elles arborent. Enfin il y a aussi les Thaï qui eux sont en pantacourt noir, types kimonos. On dit enfin, mais il y en a bien d’autres et nous avons appris à en reconnaitre que quelques-uns.

Il y a 54 ethnies, et à moins de se pencher sérieusement et longtemps sur la question cela reste un sujet délicat, et surement un peu chiant pour ceux qui le lisent donc je vais m’arrêter là sur les ethnies avec un dernier mot, ou plutôt un dernier marché.


Nous nous sommes rendus au marché de Bac Ha, qui a lieu tous les dimanches. Chaque semaine des milliers de personnes viennent des villages vendent leurs biens. Toutes les ethnies sont mélangées et c’est de loin le plus beau marché qu’ils nous a été donné de voir. Le point d’orgues du marché est la vente de buffles. Un buffle vaut en général plusieurs milliers d’euros, bien plus qu’une voiture ou qu’une petite maison dans les villages, donc qui possède un buffle, un gros, est souvent admiré au marché et de nombreux attroupements se forment autour des bêtes où les enchères montent. Vraiment impressionnant, et quand on est à côté de ces bestiaux, c’est moyen rassurant parfois.

Bref, plein les yeux ce marché qui avec toutes ces couleurs nous a rappelés l’Amérique du Sud.


Un dernier mot, nous avons souvent été accueilli dans des maisons d’hôtes (homestay), et le plus intéressant est que dans ces homestay, on dort chez l’habitant qui a bien sur aménagé, ou construit une annexe pour pouvoir accueillir le touriste. On mange aussi avec eux le soir, et nous sommes d’accord avec Marie que ce sont les repas que nous avons préféré non seulement au goût, mais aussi dans la manière d’être présenté. Tout est sur la table dans différents plats et chacun fait à sa sauce, et parfois il y a bien une petite dizaine de plats différents, du bœuf, du cochon, des légumes, du riz, des nems, de la soupe, du cheval également. Chacun ses goûts et surtout chacun fait à sa guise, et ce mélange donne une certaine convivialité au repas. Bref, le nord Vietnam, nous avons adoré et nous en avons assez parlé.


Nous finirons avec Marie par vendre la voiture pour une bouchée de pain à un vietnamien. A quoi bon arnaqué un touriste, elle ne vaut pas grand-chose, et nous sommes déjà rentré largement dans nos frais avec et l’expérience a été des plus uniques entre tout ce défilement de paysages pendant plusieurs milliers de kilomètres, nos rencontres toujours plus insolites avec les garagistes et enfin nos nombreux échanges avec les habitants lors de nos pauses déjeuner, ou de nos pauses pour dormir, tous intrigués par notre engin et notre énorme barda. Et au prix où on l’a vendu, on pense avoir fait un heureux. Voilà pour le Vietnam, maintenant direction la Mongolie, où nous sommes déjà.


PS : sinon j’ai vu un chien étalé sur le devant d’une maison, il venait de se faire ébouillanté. C’est plus facile pour enlever les poils qu’il lui reste et le préparer pour le repas. Bref, vision d’horreur qui ne m’a toujours pas quitté. Quand j’en ai parlé à une de nos hôtes, elles nous a dit, « ah oui, c’est le préparateur de chien qui vit là ». Burk.